Carpe Diem

Cassidy & Edward

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Malicia est à l'école, Keenan au boulot et moi à mon salon, et je dessine. Je suis une femme forte. Du moins, c'est ce que tout le monde me dit depuis que je suis petite et je me suis permise d'y croire. Sans vouloir me plaindre, je suis capable de dire que la vie m'a malmenée depuis quelques temps. Mon coeur de femme tout comme mon coeur de mère a été mis rudement à l'épreuve. Une chance que j'ai une grande famille autour de moi pour m'épauler, parce que je ne crois pas que je garderais la tête aussi haute.

J'ai perdu Brandon. En perdant cet homme, j'ai perdu une partie de moi. J'ai perdu mon meilleur ami, mon confident, mon protecteur, mon âme soeur. Il faisait parti de ma vie depuis aussi loin que je me rappelle. Trop d'événements ont fait en sorte que c'était impossible de continuer. Il est et restera à jamais le père de ma fille. Il gardera toujours une place particulière dans mon coeur, mais je n'ai pas eu le choix de passer au travers un lourd deuil. J'ai toujours continué de sourire malgré tout. Malicia n'a pas à vivre les répercussions des erreurs des grands. Quand elle s'endormait, la mère que je suis faisait un pas de recul pour laisser place à la femme qui souffrait profondémment. Je ne compte plus les nuits que j'ai pu passer dans les bras de Keenan à pleurer.

Je n'avais pas été capable de laisser un homme s'approcher de moi depuis cette perte. Je n'avais aucun désir d'approfondir une relation, quelle qu'elle soit. Je refusais aussi en ce sens de laisser entrer un homme dans la vie de ma fille, une personne pour qui elle allait développer de l'affection sans vraiment avoir l'intention de rester dans nos vies. Nous pouvions rarement nous rentir seules, de toute façon, avec les membres des FA qui étaient constamment autour de nous. Ils gardaient un oeil de très près et encore pire depuis l'enlèvement de Malicia. C'est ainsi que j'ai grandi, et c'est ainsi que ma fille grandira.

C'est là qu'arrive Ed' ! Lui et sa belle queule qui entre dans mon salon sans prévenir. Comme des dizaines de clients tous les jours. Sans vraiment comprendre pourquoi, j'ai eu du mal à le considérer uniquement comme un client. Il nous a fait passer, à moi et Malicia, une soirée vraiment agréable. J'ai ris, j'ai souris et l'espace de quelques instants, j'en suis venue à me dire que la vie, n'est peut-être pas aussi terrible qu'elle ne semble l'être. Je rougis, seule à ma table à dessin quand certaines images des heures qui ont suivies cette soirée au festival me viennent en tête.

C'est pour lui que je dessine. Il m'avait fait un topo de ce qu'il voulait comme tatouage. J'ai toujours été très minutieuse dans mon travail. Déjà parce que j'adore ça, mais aussi parce qu'un tatouage représentait beaucoup plus pour moi qu'une simple image pour décorer le corps. Une signification qui allait fusionner avec la personne et qui allait lui demeurer pour le reste de sa vie. Ça me faisait chaud au coeur à chaque fois que je pouvais voir le sourire d'un client satisfait. Le sentiment de fierté est presque indescriptible. Pour Edward, j'avais ce petit stresse suplémentaire quand je tatoue quelqu'un qui a une importance quelconque pour moi. Je tenais vraiment à ce qu'il regarde le résultat en se disant qu'il avait bien fait de me faire confiance.

Les heures défilaient sans que je ne m'en rende compte tellement le dessin me captivait. Il fallait que tout soit parfait !

(c) oxymort

Carpe Diem

Cassidy & Edward

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J'entends la sonnette de la porte. Je n'ai pas besoin de regarder pour savoir que c'est lui. Loin de moi l'idée d'être impoli mais j'ai besoin encore de quelques secondes avant de terminer le croquis. Il n'y a personne d'autre dans le salon et j'ai fait un peu exprès. Après tout c'est moi qui choisi les dates et les heures des rendez-vous pour mes clients. Comme par hasard j'étais complet aujourd'hui. j'avais aussi prévu de retourner la pancarte dans la porte d'entrée une fois que nous allions commencer le tatouage.

J'avais pertinemment conscience que ce n'était pas un rendez-vous galant. D'un autre côté nous avions vécu quelque chose de particulier ici la dernière fois et je mentirais si je disais que je n'avais pas envie de me retrouver encore une fois en tête à tête.

C'est avec un large sourire satisfait que je relève la tête de ma table à dessin et regarde le beau commandant.

- Hey.. Salut toi ! je viens de mettre la touche finale au dessin j'espère sincèrement qu'il te conviendra.

En le voyant j'ai tu de h d'une scène honteuse. Au réveil de notre nuit j'avais cru qu'il s'était sauvé mais ce n'était pas le cas. Cette pensée me fit rougir et je detourne le regard l'espace d'une seconde avant de reprendre le dessus et m'approcher de lui pour lui faire la bise. il était sans doute trop tôt pour l'admettre mais je devais avouer que de le voir là devant moi me fit réaliser qu'il m'avait manqué. en glissant une mèche de cheveux rebelle derrière mon oreille je souris à nouveau et prend le dessin entre mes mains pour lui tendre.

- Voilà.. dis moi ce que tu en penses..

Je me mordis la lèvre nerveusement. Dans ce domaine j'étais plutôt assez confiante mais son avis me rendait craintive.

- Je peux faire toutes les modifications que tu veux.. ne te gêne pas si quoi que ce soit ne te convient pas..

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Carpe Diem

Cassidy & Edward

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J'étais fière de moi et ça se ressentait. Autant du résultat du croquis que de sa satisfaction en le voyant. Ça débutait merveilleusement bien la journée. Dépendamment du client, je ne passais jamais le même genre de moment. Les caractères sont aussi variés que les tatouages que je fais. Il y a des gens qui sont de vraies pipelettes et en l'espace d'une heure, je connais leur vie dans leurs moindres détails. D'autres sont totalement silencieux, on entend que le moteur de ma machine et peut-être une petite musique en background. Beaucoup me posent des questions sur le métier et je réponds toujours avec enthousiaste. Je reste généralement vague quand les questions concernent ma vie privée, là, je préfère ne pas m'étendre sur le sujet. Déjà que je n'ai pas une ''famille'' conventionnelle, c'est mieux ainsi. Régulièrement, il y a un type de client qui me fait toujours aussi rire. Le mec trop sûr de lui. Celui qui se bombe le torse en répétant qu'un tatouage c'est de la pacotille niveau douleur, qu'il n'y a que les mauviettes qui chialent. Ça me fait rire parce que c'est précisément eux qui passent toute la séance à demander des pauses, à avoir le visage rouge et les yeux vitreux tellement il se force pour ne pas pleurer. Oui, un tatouage c'est douloureux. On ne va pas se mentir. Cette douleur, il ne faut pas la combattre, il faut ne faire qu'un avec elle..

En le voyant retirer ses chaussures, je sors de mes songes en souriant et approche lentement mon matériel pour m'installer.

Je hausse les épaules

- Il n'y a pas beaucoup de nouveaux dans ma vie. C'est assez routinier. Malicia va très bien. Justement, elle m'a demandé si on allait te revoir bientôt. Elle a beaucoup aimé sa sortie au festival. Je lui ai dis que tu bossais loin d'ici et que c'était difficile pour toi de te libérer comme tu le voudrais. Elle a fait une petite moue. T'inquiète, une glace au chocolat plus tard, elle ne s'en souvenait plus.

Je rigole toujours en plaçant mon matériel. J'appréhendais ce moment. Vu ce qui était arrivé la dernière fois, je me demandais comment il était pour agir face à moi et je suis soulagée. Il n'y a pas de froideur, bien au contraire.

- Et toi ? Comment ça s'est passé depuis ta dernière perm ?

Il n'a plus qu'à s'allonger sur le ventre. Première étape, raser son mollet. C'est pas le plus poilu, mais processus oblige !!

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Carpe Diem

Cassidy & Edward

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J'éclate d'un rire franc sans arrêter la procédure de rasage qui se termine assez rapidement. Comme l'expression le dit, ça prend de tout pour faire un monde. Heureusement, parce que la vie serait d'un monotone à crever. Sa peau est maintenant prête à être torturée. La femme en moi disparaît doucement pour faire place à la tatoueuse professionnelle. Je dois ranger, désinfecter ma surface de travail et tout installer à portée de main, parce qu'une fois que je me lance dans l'oeuvre, ce n'est plus le temps de s'arrêter pour aller chercher un élément un ou un autre.

''Le pauvre.. j'aurais bien aimé voir ça''

Il ne reste qu'un petit détail important. J'ouvre la radio pour laisser une bonne petite musique d'ambiance avant de bien me laver les mains et enfiler les gants. Assise au niveau de sa jambe, je prends le dessin, déjà mis en décalque et le transpose à la bonne place. Je souris en voyant le résultat. Faut avouer que ça en jette!

''Tu peux aller voir au miroir si l'emplacement te convient, après interdiction de bouger''

Je lui lance un petit clin d'oeil en rigolant. Ça me soulage quand même que ça coule aussi bien. Mon appréhension à cette rencontre s'est totalement envolée ce qui me permet de profiter au max du moment tout en gardant ma concentration à la bonne place. Une petite partie de moi espère tout de même que ça ne soit pas la dernière fois.

(c) oxymort