Je courrais dans la rue, un homme derrière moi. Mais étrangement, c'était comme ci je n'arrivais plus à courir. L'homme derrière moi commençait à me rattraper et j'avais beau essayer d'accélérer, je n'y arrivais pas. Trébuchant, je tombais au sol et voulu me relever quand un pieds s'installa au plein milieu de mon dos. Je sentais le souffle acre de sa respiration sur ma nuque et des mains se saisirent de mes épaules et me remirent sur mes pieds. Me retournant, je tombais nez à nez avec Michel Morgewood, mon père et accessoirement tueur en série libéré de prison avec l'aide d'une complice. Nous étions maintenant dans un entrepot et une trappe s'ouvrit sous mes pieds. C'est cette sensation de chute qui me réveilla alors que je tombais effectivement de mon lit.
Encore un cauchemar. Mais différent des autres que je faisais habituellement. Depuis maintenant quelques jours, mon père était en liberté... Cela jouait beaucoup sur mes nerfs, surtout depuis que je recevais des coups de téléphones anonymes où les seuls bruits audibles étaient ceux d'une respiration. J'étais persuadé que si mon père n'avait toujours pas tué de femmes depuis sa libération, c'était parce qu'il voulait une victime bien particulière: Moi. Et cela me terrorisait. Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi il m'en voulait... Enfin, si, je savais pourquoi il voulait ma mort mais je n'arrivais pas à comprendre comment il pouvait en vouloir à une petite fille de cinq ans qui n'avait rien compris à ce qu'il se passait autour d'elle.
Soupirant, je me redressais et vis qu'il était déjà six heures du matin. Je devais être au bureau pour huit heures et j'avais encore trente minutes avant que mon réveil ne sonne. Mais je savais que je n'arriverai pas à me rendormir. Alors, désactivant mon réveil, j'allais me préparer pour une nouvelle journée de travail. Il était huit heures quand j'arrivais au bureau. Mon patron était déjà arrivé mais j'étais la seule des profiler à être aussi matinale.
Que dire sur ma journée... Elle fut faite avec beaucoup de bas. J'avais beau me repasser les vidéos de surveillance en boucle, je ne trouvais rien de susceptible de nous éclairer sur la femme qui avait aidé Morgewood à s'évader de la prison de Los Angeles. Et cela avait le don de me mettre l'estomac à l'envers si bien que je ne pus rien avaler quand l'heure du repas du midi arriva. Mes collègues m'invitèrent au restaurant mais je dus refuser, incapable de lâcher mon bureau et les images qui défilaient devant mes yeux. A force de regarder mon écran d'ordinateur, j'avais les yeux en feu mais j'étais incapable de m'en détacher. Vous savez, voir un tueur en série s'évader avec l'aide d'une complice, c'était loin d'être une chose facile à voir. Ajouter à cela le fait que ce tueur en série vous en veuille personnellement... C'était une chose insoutenable. Mais je devais mettre de côté les aspects privées de cette histoire pour me consacrer uniquement aux faits et aux preuves... Sauf que les preuves, nous n'en avions aucune. L'acte de transfert qui avait servit à faire évader Morgewood était passé entre un trop grand nombre de mains pour que les empruntes ou même l'ADN soit exploitable. Les seuls preuves que nous avions étaient les vidéos des caméras de vidéosurveillance. Bien mince comme preuve... Je posais mon front sur mon bureau, espérant cacher les larmes qui me montaient aux yeux. Au même instant, j'entendis une voix saluer l'équipe et redressais la tête: Jensen Winchester, le fils de notre patron. Je ne comprenais pas ce qu'il faisait ici, il était tôt, il aurait du être à l'école. Totalement obnubilé par les recherches, j'avais oublié le jour que nous étions: Mercredi. Jensen n'avait pas cours cet après midi et cela expliquait certainement sa présence dans les locaux du FBI.

"Hey bonhomme, comment ça va?"