I feel dead inside

Thomas&Zachary.

Je suis mort. Pas à proprement parler, mais je me demande s'il n'aurait pas mieux valu. Ça fait maintenant des semaines que je suis là, sans réellement l'être. Je ne dors plus. Enfin, presque plus. Après quelques jours, mon corps finit par tomber et je dors quelques heures. Jamais bien longtemps parce que le visage de cet homme me hante et je me réveille en sueur. J'ai maigri. Normal quand on ne mange pas. Bizarrement, il n'y a que l'alcool qui réussi à franchir mes lèvres sans que mon corps ne le rejette.

Ça sent mauvais. Je ne pourrais pas dire si c'est moi ou mon appartement. À vrai dire, je ne lave plus ni l'un ni l'autre. J'ai mal. Je n'ai plus envie de rien. Je ne veux pas voir personne, ni parler à personne. Les dessins animés ne me font plus rire, les jeux vidéos ne m'inspirent plus. Ma boîte vocale est pleine, je prends à peine mes sms. À quoi bon ? Je ne dirai jamais à personne ce qui m'ait arrivé. Je ne dirai jamais qu'un homme m'a séquestré, torturé, marqué au fer. Je ne dirai jamais à quel point j'ai eu honte. À quel point j'ai supplié, pleuré, voulu qu'il m'achève.

J'ai vu quelques fois Donovan. Je sais qu'il se sent impuissant face à mon éternel silence, mais je n'ai pas envie de parler. J'ai sans doute perdu mon boulot à l'heure qu'il est. C'est généralement ce qui arrive quand on n'y va plus sans prendre la peine de téléphoner. Thomas aussi m'a laissé plusieurs message. Le courses et les Jorks est bien le dernier de mes soucis. Je veux être seul. Je veux m'endormir et ne plus jamais me réveiller.

©  Cacadum

I feel dead inside

Thomas&Zachary.

Il fait complètement noir. Il fait froid. Le seul bruit que j'entends est celui de gouttes d'eau qui fracassent le sol, une à une. Je viens pour me lever, mais je ne peux pas. Je suis attaché à une chaise. Mes liens sont tellement serrés que la peau de mes poignets et de mes chevilles me brûlent. D'une voix rauque, j'appelle à l'aide, mais je n'ai que l'écho de ma voix comme réponse. J'entends de petits coups. Quelqu'un frappe. J'ai beau hurler que je suis là, personne. Encore des coups, puis le silence. Jusqu'à ce qu'une voix lointaine vienne le briser.

Je me réveille en sursaut sur le canapé du salon. Je suis en sueur, le coeur battant, la respiration haletante. Une cauchemar. Encore un. J'ai encore la manette de PS3 entre les mains. Je l'ai serrer tellement fort que ça me fait presque mal de les décontracter pour poser la manette sur la table basse du salon. Après quelques secondes, ce que ça me prend pour me passer la main dans les cheveux en soupirant, je réalise qu'il y a quelqu'un à la porte. Thomas ? Oh non. Je n'ai pas envie de le voir. Je n'ai envie de voir personne. Le fait de ne pas répondre à ses appels et à ses messages n'étaient pas assez explicite ? Il faut que je me calme. Il n'y est pour rien. Ce n'est pas de sa faute. Défoncer ma porte ? Mauvaise idée. Le proprio n'apprécierait sans doute pas et puis il est du genre à mettre des semaines avant de réparer ce qui se brise dans l'appartement. Ça craint de ne pas avoir de porte. Quelqu'un pourrait entrer dans la nuit et me tabasser. Je me désespère moi-même à être aussi trouillard.

«Ça va.. ça va.. je viens.. pas la peine de t'énerver..» À la vitesse que je me lève et marche jusqu'à la porte, il peut encore compter jusqu'à vingt. Je n'ai vraiment pas envie de le voir. Avec la manière dont la dernière rencontre s'est terminée, mon morale est tellement bas, que c'est presque de l'ironie de me retrouver en face de lui. Au fond, je m'en fou. Il va entrer, réaliser que je ne suis pas en état de courser et me laissera sûrement tranquille. Je veux que tout le monde me laisse tranquille. Je veux juste cesser de penser.

J'ai acheté des verrous. Parano ? Peut-être. Après avoir ouvert les 4 nouveaux verrous sur la porte, j'ouvre celle-ci et ne prend même pas la peine de le saluer. Laissant la porte grande ouverte, je tourne les talon et marche tout aussi lentement pour retrouver ma place initiale, le canapé. «Je sais ce que tu veux et je sais aussi que je te l'ai promis, mais laisse tomber»

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I feel dead inside

Thomas&Zachary.

Je ne me suis jamais considéré comme un professionnel du genre humain, bien au contraire, mais selon les circonstances, j'arrivais assez facilement à prévoir les possibles réactions des gens. Et comme toutes règles, il y a une exception. Thomas. Déjà, qu'il dise ne pas être là concernant la promesse que je lui avais faite, me surprends. Ensuite, il se traite de gros idiot en plus de vouloir me tenir compagnie. C'est quoi la suite, on devient les meilleurs potes au monde ? Je ne veux voir personne. Je veux être seul. Je ne veux pas que personne ne me voit dans cet état. J'ai l'impression d'avoir de gros écriteaux lumineux autour de moi, comme dans les dessins animés, qui raconte à quel point je suis pathétique. À quel point je suis un trouillard. Que j'ai pleuré comme un enfant à supplié qu'on ne me fasse pas de mal. Le t-shirt crasseux que je porte en tout cas signifie clairement que je ne l'ai pas enlevé depuis plusieurs jours. Je le porte seulement pour ne pas voir cette brûlure qui commence à peine à cicatriser. Une énorme croix renversée, marquée au fer rouge sur mon torse. Souvenir de ce cet homme qui m'avait pris pour quelqu'un d'autre.

«Être seul n'est pas si mal» C'est tout ce que je trouve à dire. Que pourrais-je dire d'autre ? Je ne retourne pas ses appels, comme tout ceux qui ont tenté de me joindre dernièrement. Je vais mal, ce n'est pas bien difficile à deviner. Ne pas lui en parler ? Jamais, au grand jamais je ne raconterai cela à qui que ce soit. Encore moins à.. à.. je ne sais même pas comment le définir. Il me trouble depuis la première fois que je l'ai vu. Et là, il veut rester ici pour me tenir compagnie. Pour ma santé mentale, je devrais sans doute le renvoyer en disant que je ne veux rien avoir à faire avec lui, mais ma psy m'a toujours dis que mon inconscient me faisait agir en fonction de me faire du mal, comme si je devais me punir d'être en vie comparativement à Mathéo qui n'avait pas cette chance. Ironique. Sans compte que la dernière fois que je l'ai vu, on ne peut pas dire que l'ambiance avait été à la camaraderie. «Je te préviens, je ne suis pas de très bonne compagnie. Mais si tu as envie de t'emmerder profondément dans un appartement crasseux, je t'en prie, fais toi plaisir» Un profond soupire franchit mes lèvres. À demi allongé comme une loque sur le canapé. Je ne suis pas d'ordinaire sarcastique. Mais là, on dirait que je n'ai tellement plus rien à perdre. Même ma dignité s'est envolée en fumée.  

©  Cacadum

I feel dead inside

Thomas&Zachary.

J'ai bien l'impression que même si ça ne m'allait pas, il ne m'en laissait pas vraiment le choix. Je l'entends s'activer dans la cuisine. Ça m'agace. Pourquoi est-ce qu'il est là d'abord si ce n'est pas pour ma promesse de l'aider avec ces foutues courses pour les Jorks. Se faire pardonner ? Parce qu'il s'inquiète ? Absurde. Personne ne s'inquiète de moi depuis des années. C'est faux. Il y a Donovan qui a pris une place dans ma vie depuis quelques temps, mais je dois avouer que depuis mon incident, je me suis tellement renfermé que je ne le vois plus beaucoup.

Thomas revient avec une salade. Une salade! Je suis du genre adepte de la nourriture santé et la salade fait partie intégrante de mon menu. Sauf que là, sa simple vue me lève le coeur. L'odeur de vinaigrette me pique les narines. Depuis un moment, je me nourris, si on peut dire que je me nourris, de bières et de pizza livrée à la maison dont les cartons contenant les croutes sèches trainent un peu partout dans l'appartement. «J'ai pas faim». Je repousse le bol à l'aide de mon pied parce que je suis trop lâche pour me redresser me pencher pour atteindre le bol avec la main. «Écoute Thomas, je n'ai aucune idée de ce que tu fais là, mais c'est inutile. Je n'ai pas besoin de compagnie, je n'ai pas besoin de manger, je n'ai pas besoin qu'on veille sur moi.». J'ai été en mode dépressif durant plusieurs années suite à la mort de Mathéo. En dehors de mes parents, il était le seul qui me connaissait réellement, qui arrivait à me sortir de ma coquille. Maintenant que je décidais de tourner la page et tenter d'être à nouveau heureux avec un autre homme, la vie me rappelais que je n'avais pas le droit au bonheur. Cette fois-ci, je ne l'oublierai pas. J'ai une cicatrice sur le torse pour me le rappeler tous les jours de ma vie.

«Si c'est mon pardon que tu cherches.. je te le donne.. tu peux dormir tranquille.. je ne t'en veux pas..» Pour la première fois depuis son arrivé, je le regardais dans les yeux. J'étais sincère, mais sans doute mon profond désespoir et ma douleur prenaient toute la place dans mon regard. Je ne lui en voulais pas, parce que je pouvais me mettre à sa place. Je m'en voulais à moi d'avoir brisé mon jardin secret que je gardais en souvenir de mon premier amour.

© Cacadum