Vous connaissez l’histoire du petit garçon qui n’a jamais connu l’amour, qui ignore ce qu’est d’aimer et d’être aimé ? Ce petit gars que tout le monde voudrait aider mais qui refuse de s’ouvrir aux autres… Un gars qui ignore toutes les choses positives de ce monde, et qui se réfugie à corps perdu dans la violence et la haine. Ce mec là c’est moi, et pour comprendre pourquoi je suis devenu cet être froid, je dois vous conter mon histoire.
Je suis né le 24 décembre 1987 à Londres. En pleine nuit, à minuit pour être exact, soir de pleine lune, soir de réveillon, soir heureux normalement… Tout était parfait pour ma mère, elle qui m’avais attendue durant 9 longs mois, elle était aux anges. Pour mon père c’était différent… J’étais le fruit interdit, l’enfant que jamais il n’avait souhaité avoir, le rejeton qui allait lui pourrir la vie durant de longues années… Jamais il n’avait voulu de moi, mais ma mère le lui avait caché, et malgré sa violence sous-jacente, il m’a laissé naître... Ma vie présageais un sombre dessin, et je crois que même le Karma n’allait rien y changer…
J’ai été formaté durant mon enfant, dès tout petit. J’avais même pas un an que je savais déjà marcher, que des mots sortaient de ma bouche, que la violence m’accaparais de part en part. J’étais prisonnier et je ne pouvais rien faire. Nous vivions dans une situation aisée, mon père était un requin de la finance, et il avait prévu pour moi un bel avenir, je devais devenir un génie, un combattant, un guerrier et surtout je lui devais obéissance… Même tout petit. Ma mère était impuissante face à la colère de mon père, soumise, elle le laissait me frapper quand je faisais les choses de travers, elle était là, mutique alors qu’il me cognait à l’aide sa ceinture… Je vivais la violence, et aucune preuve d’amour venait d’eux… Jamais, l’amour était une faiblesse… Le seul véritable amour que j’ai reçu c’est celui d’Anyana, ma gouvernante, celle qui pansait mes blessures, qui m’offrais l’amour d’une mère… Elle fut ma mère de remplacement, et à jamais je la remercierais…
A 10 ans, je maitrisais parfaitement les arts martiaux, terrassais des mecs ayant le triple de ma carrure, j’étais brillant. Brillant dans tous les domaines, pas que dans le sport mais aussi à l’école, un génie, comme mon père l’avait toujours souhaité… Je n’étais plus un enfant comme les autres, j’étais une machine, sans cœur, sans âme, sans bonté. J’étais que l’ombre de moi-même, ce qui désolait Anyana. Ma mère elle, était mutique, son enfant devenait un robot, et elle ne faisait rien pour moi… Les années ont passés, et je suis devenu une machine à tuer, mes entrainements rimaient avec violence, sang et coups. J’arrivais à broyer des os, j’entendais les craquements sous mes doigts, pouvais voir la douleur de mon adversaire, et pourtant je ne parvenais pas à ressentir le moindre remord. Mon regard était froid glacial, et père lui se réjouissait du spectacle… Je devenais un être sans sentiment, ayant aucun ami, et surtout la rage emplissait mon être à chaque instant, une colère dévorante, qui menaçait à tout instant d’imploser. J’avais 16 ans, et j’étais un monstre doué d’intelligence…
Les choses ont commencés à déraper à cet instant, la rage était tellement grande, que je m’en prenais à des gens plus faible que moi, des gangs dans les rues de Londres, ou encore quelques dealers… J’avais soif de vengeance et je ne parvenais pas à me contrôler… Je me suis fait arrêter à de nombreuses reprises, et plusieurs fois j’ai porté des coups sur des agents, coups violents d’ailleurs… Je ne maitrisais plus ma force, et surtout j’étais aveuglé par la haine que j’avais contre mon père… J’ai subit son courroux pour mes écarts de conduite, des coups de ceinture qui pleuvait sur mon dos, et pourtant je ne parvenais pas à lui tenir tête… J’étais là, impuissant, à genoux, subissant sa torture… J’étais au bord de l’implosion, Anyana le savait… Et elle savait que lorsque ça arriverait, je serais incontrôlable…
Une énième arrestation, celle de trop pour mon père, celle de trop pour moi. Coups sur agent de nouveau, un excès de rage encore et toujours. Et cela devait se terminer par une sanction de mon père… Mais ce soir là, je ne pus me contenir… J’avais 20 ans ce jour là, et pour la première fois j’ai rendu à mon père ses années de maltraitance… Il se préparait derrière moi, j’étais à genoux, et je pouvais entendre le cuir claquer dans ses mains, ses paroles haineuses contre moi :
« - Jace, tu cherches la bagarre décidément, que t’ai-je enseigné ? Obéissance et respect. Tu veux te rebeller contre le système ? Et ben tu vas payer le prix fort ! »Je savais qu’il allait claquer à ce moment précis, mais ma finesse d’esprit et ma haine contre lui se retourna sur lui. Au moment où le cuir devait s’abattre sur ma peau, je l’attrapais à pleine main, me retournant face à lui, le désarmant. Le regard noir, haineux, je lui assénais un coup de cuir franc sur le visage, le balafrant sans aucun remord. Il tentait alors de me saisir pour m’étrangler, mais mes années de maitrise du combat furent bénéfiques. Je l’esquivais avec habilité, le saisissais par derrière et l’étranglais à mon tour, avec force, malgré ma fine carrure, lui murmurant à l’oreille.
« - Méfiez-vous de l’eau qui dort père, la roue tourne à tout les coups et croyez moi que je ne vous ferais pas de cadeau. »Anyana arrivait au même moment, me suppliant de lâcher mon père, tout comme ma mère d’ailleurs… Je le laissais tomber, las, et sortais de la pièce sans l’ombre d’un regret. Mon cœur était de pierre, et Anyana avait compris que mon père se vengerais… Elle m’offrit alors l’exil, m’aidant cette nuit là, à m’échapper, avec du liquide, et me suppliais de devenir quelqu’un de bien… Dure de devenir un être bon, quand le mal vit en vous. Plus jamais je ne l’ai revu, j’ai quitté Londres, et n’y est plus jamais mis les pieds.
J’ai quitté un enfer pour un autre, n’ayant nulle part où aller, j’ai décidé d’aller dans la ville des anges, Los Angeles, étrange pour un être ayant le prénom du démon non ? Et pourtant c’est ici que j’ai commencé une nouvelle vie… Mais mon caractère de feu n’aidait en rien et L’argent commençait à manquer, mon appartement miteux avait des airs de cage… J’étais tel un lion en cage et je ne parvenais à pas à cesser de rager… Je ne supportais pas l’ordre si bien qu’aucun patron n’a souhaité de moi, j’essuyais refus sur refus, et pour survivre, j’utilisais mes talents dans le vol… Bien bas je sais… J’ai fini par trouver des boulots… Illégaux diront nous. J’étais réputé à L.A pour mes talents de bagarreur, c’était fréquent que mes sorties finissent en bagarre, bien sûre je n’avais aucune égratignure mais mes adversaires étaient en piteux états… On me surnommait “The White Killer”, pour faire référence à ma peau pâle et mes instincts de tueur dans mes combats… Plusieurs bandes ont essayés de me faire entrer dans leur clan, mais étant réfractaire aux ordres, je n’acceptais que des petits contrats… J’ai tué, violenté et harcelé un bon nombre de gens, et même en agissant de la sorte, je ne parvenais pas à évacuer ma rage, je ne parvenais pas à me contenir, je me sentais prisonnier, sans aucune liberté. Même si je me permettais l’irréparable, je ne trouvais aucun sens à ce que je faisais… Je tournais en rond, vivant sans cesse dans la violence… J’ai passé trois ans de ma vie à vivre au dessus des lois, et j’étais lassé de tout ça… J’avais besoin de stabilité.
Puis Cassidy m’a fait découvrir une autre voie… Un mec, tatoué de la tête aux pieds , comprenant mon désarroi sans même me connaître, me filais une petite adresse, qui employait des jeunes sans avenir… Et sans réfléchir j’y suis allé, face à moi, un salon de tatouage… Je n’y connaissais rien à ce métier là, et pourtant, sans le savoir, il allait m’ouvrir les portes de la liberté. J’entrais dans ce petit salon, et y rencontrait Cassidy, la patronne de ses lieux. Elle était tatoué de la tête aux pieds, et pourtant avait les traits d’un ange… Elle était un ange tombé du ciel, une femme qui me compris à l’instant même où j’avais posé les pieds dans sa boutique…
Elle m’a initié à l’art du tatouage, en ignorant tout de mon passé, m’a prise sous son aile, et m’a permis d’évacuer ma rage par le dessin… Certes je fus mauvais les premiers temps, mais j’apprenais vite, je dessinais avec habilité sur le dessin, j’étais doué… Et je me sentais libre, et enfin écouté… C’est à ce moment là que j’ai commencé à me tatouer… Cassidy m’a tatoué, je lui dessinais les bases et elle les dessinait sur mon corps, sans jamais demander la signification de mes runes… Elle était ma patronne mais au fur et à mesure du temps, elle fut mon amie. Ma première amie. Grâce à elle, j’avais trouvé foi en moi, pour la première fois je me sentais libre. Et même si je suis qu’un apprentie, je sais qu’un jour moi aussi je serais professionnel. Elle m’a fait connaître les Fallen Angels, je ne les connais pas trop, j’ignore ce qui m’attends avec ses gens là, mon caractère de feu étant toujours aussi présent en moi, j’attendrais qu’ils viennent à moi, et surtout qu’ils me disent ce qu’ils souhaitent de moi.
Je revivais, Cassidy m’apprenais à vivre. Je sortais en boîte tout les soirs, m’amusais, buvais de l’alcool à foison, collectionnant les filles d’un soir. Bien sûr la violence faisait partie de mon être, et il m’arrive encore de me battre, mais je n’en suis plus au point de vouloir tuer. Ce temps est révolue… Enfin, je crois. Et un soir, ma vie basculais… Une fille, une jolie brune, j’étais un peu saoul, et pourtant elle m’a tapé dans l’œil, comme une envie de finir ma vie… euh ma nuit avec elle… Des mots échangés, des regards équivoques, des rapprochements subtils, et pourtant rien… Une forte attirance se ressentait et pourtant je ne parvenais pas à agir en parfait salaud que j’étais… Elle était différente. Ce soir là, on a échangés nos numéros mais chacun est partie de son côté. L’énigme autour de sa personne m’obsède et pourtant mon cœur de pierre ne parvient pas à s’adoucir, je n’arrive pas à avoir des sentiments, elle m’attire mais… Une bulle nous sépare, ma bulle de protection nous sépare. Saura t-elle la percer ?
Voilà près de trois ans que je travaille avec Cassidy, et pourtant elle ignore tout de mon passé de tueur… Cette sombre partie de moi est enfouie afin que mon image ne se ternisse pas… Je vois Emily de temps à autres, mais je ne parviens pas à être différent de l’être froid et glacial que je suis, je n’ai jamais fait confiance en personne, sauf en Anyana… Et pourtant plus les jours passe, plus le démon en moi s’atténue, est-ce les bienfaits de la renaissance ? Je l’ignore, en tout cas j’attends de savoir ce que l’avenir me réserve…