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Donovan&Zachary.

Ipod dans les oreilles, ça faisait au moins 30 minutes que je courais. Une journée comme les autres au final. De toute façon, toutes mes journées se ressemblent. Je me lève, je me fais un lait frappé avec une banane et du yaourt à la fraise ou des fois à la pêche, je saute sous la douche, je m'habille et je cours pour la prochaine heure si je n'ai pas de rendez-vous au gym. Tous mes matins sont les même. C'est le seul moyen que j'ai trouvé pour chasser les cauchemars qui me hantent durant mon sommeil. Presque toutes les nuits, je fais le même rêve. Une voiture qui explose, Matthéo qui hurle de douleur en me suppliant de le sortir de là. Les premiers mois je ne dormais plus. Maintenant, je fais comme si rien était, comme si ça faisait partie de ma vie, de ma routine journalière.

Je crois que ça fait assez de détours que je prends pour me rendre au boulot. En arrivant, je salue d'un simple signe de tête le gérant du gym qui me le retourne joyeusement. Il m'aime bien. Je fais du bon boulot et il parait que le pourcentage de femmes qui demandent des séances privés à augmenté. Ça fait du bien à son chiffre d'affaire qu'il me dit souvent. Il parait que l'inaccessibilité attire beaucoup de gens. À force, je ne fais plus attention. De toute façon, ce n'est pas leur type qui m'intéresse. En fait, plus rien ni personne ne m'intéresse, mais ça... ils ne sont pas obligé de le savoir.

Je passe au vestiaire ranger mon Ipod et mettre ma tenue aux couleurs de la salle de sport. Je n'ai plus qu'à prendre ma planche de notes et un crayons puis je me rends dans la salle privée. Un nouveau client à ce que mon patron m'a dit. Un client qui a spécialement demandé à ce que ce soit moi son entraîneur. C'est plutôt rare. Mais je suis content. Au moins ça démontre que le mec est vraiment motivé à l'entrainement et que ce n'est pas une jeune femme qui vient uniquement en espérant qu'un mec lui matte les fesses pendant qu'elle fait du vélo stationnaire.

J'entre dans la salle. «Surprise!» Un sourire s'affiche sur mon visage. Donovan? Mais qu'est-ce qu'il fait là? «Hey! C'est toi qui a réserver un cours? Depuis quand tu veux faire de la musculation toi? C'est vrai que ça ne te ferait pas de mal..» Un rire franc quitte mes lèvres pendant que je m'approche de lui pour une petite accolade amicale accompagnée d'une poignée de main. Ça me faisait vraiment plaisir de le voir. Au moins ce cours allait probablement être beaucoup plus agréable. Ce mec avait un sens de l'humour incroyable et j'aimais beaucoup passer du temps en sa compagnie. Je n'ai pas vraiment d'amis. En général, je suis plutôt du genre solitaire, mais avec lui, il m'arrivait de sortir et d'oublier un peu la tristesse de la vie.  

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Il n'avait pas tord de dire que les hommes musclés plaisaient. Autant chez les mecs que chez les filles. Personnellement, je ne peux pas dire ce qui me plait en particulier. À part Matthéo, je n'ai jamais pris la peine de voir si je pourrais être attiré par l'un ou l'autre des gens autour de  moi. Je n'en ressentais pas le besoin, ni l'envie. Je dois avouer par contre que les tatouages ne me déplaisent pas du tout.

Un rire franc franchit mes lèvres à l'entendre parler d'une jolie blonde. Si seulement il savait. Instinctivement, je roule les yeux en libérant un petit soupire d'exaspération «Elles sont peut-être mignonnes les belles blondes, mais elles ne viennent pas du tout ici pour le sport. Disons que les séances deviennent chiantes.. Alors non, je ne suis pas déçu, bien au contraire. Puisque je suis à peu prêt sûr que tu n'es pas là pour une tactique de drague du style des petites fifilles qui viennent ici sans avoir l'intention de forcer.. l'entraînement risque d'être beaucoup plus agréable» Évidemment, je ne vais pas préciser que ce qui est réellement chiant dans la situation est de se faire draguer pendant des heures par des gens qui ne me n'intéressent pas du tout. Le boulot c'est le boulot, je n'y peux rien.

Généralement, par professionnalisme, je dois garder ma veste ou au minimum mon t-shirt aux couleurs du gym. Sauf que là, après avoir couru un moment, j'ai chaud et puis bon, c'est mon pote alors aucune chance que ça fasse des dégâts dans l'administration. C'est pourquoi, je retire mon t-shirt pour me retrouver torse nu et le dépose contre le sac de Donovan. Un faux petit sourire sadique se dessine sur mes lèvres pendant que j'alterne mon regard entre lui et la planche où je note les étapes de l'entraînement «Tu vas souffrir mon vieux.. j'ai pas l'intention de te ménager» Un nouveau rire se fait entendre. C'est vrai qu'avec un entraînement sérieux, il pourrait augmenter un peu sa masse musculaire. Il aurait moins l'air d'un gamin, ressemblerait un peu plus à un homme et briserait sans doute plus de coeur qu'il ne le fait déjà. Cette pensée me fait sourire. «On va t'échauffer un peu pour commencer.. monte sur le tapis roulant. Tu vas débuter avec de la marche rapide et après quelques minutes, du jogging..» Je m'approche du tapis roulant et vient le programmer en lien avec le poids de Donovan et la vitesse que je voulais. Habituellement, je l'aurais fait avec lui, mais puisque je suis arrivé ici à la course, cette partie je pouvais la sauter. «En même temps, fait des étirements. Les bras.. la tailles. Il ne faudrait pas que tu te blesses pendant le reste de la séance» Ajoutant les gestes à la parole, je commence aussi à m'étirer un peu sans le quitter des yeux pour m'assurer qu'il faisait bien tout comme il faut. Mon sourire ne veut pas me quitter. J'étais vraiment content de pouvoir passer ce petit moment avec lui, un vrai entraînement, enfin!

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Concentré dans mes étirements, je ne regarde Donovan que du coin de l'oeil pour m'assurer qu'il fait bien les étirements pour ne pas risquer de se blesser. J'éclate de rire en le voyant tribucher puis m'approche de lui un peu pour aller ajuster la vitesse tu tapis «Si tu n'arrives même pas à jogger je vois pas comment tu vas te sortir d'un entraînement d'une heure de temps» Une petite grimace pour le taquiner. Généralement, je ne me serais jamais permis de rire d'un client, il pourrait être insulté et ne plus avoir envie de revenir. Sauf que là, c'était différent. Je ne me trouvais pas avec un inconnu. J'étais en présence d'un ami alors je pouvais prendre la situation un peu plus à la légère pour nous permettre de rigoler un peu.

Quoi que la question de mon pote me fit cesser de rire pour laisser place à un haussement d'épaules et un léger soupire. C'est vrai que plusieurs femmes me tournent autour, mais je ne me suis jamais intéressé aux femmes. Et puis, même si j'avais un mec autour de moi, je ne pense pas que j'y ferais attention. Ça fait 6 ans que je suis seule. Six longues années que je me suis fait à l'idée que l'amour ce n'était pas pour moi. Je l'avais vécu. Une fois et ça m'a suffit. Assez suffit pour savoir que c'était douloureux. Sans compter que personne ne sait que je suis gay et je compte bien que ça reste ainsi. Juste prendre l'exemple de Donovan. Un coureur de ses dames. Comment il réagirait de savoir ça? Il se moquerait probablement de moi et je ne le reverrais plus. Non, hors de questions que j'avoue. Je vais simplement continuer à faire comme j'ai toujours fais. Mentir. «Encore et toujours célibataire et ça ne risque pas de changer. Je suis pas fait pour être en couple et puis.. personne ne m'a tapé dans l'oeil. Je cours pas après ça»

Maintenant, la meilleure tactique était de changer de sujet, le plus naturellement possible. «Allez monsieur l'athlète, t'es pas venu ici pour papoter. Il faut suer» Un large sourire aux lèvres, je lui fais un petit signe de tête pour l'inciter à me suivre. On va commencer en douceur. Pas parce que je ne l'en crois pas capable, mais parce que n'importe quel corps qui n'a pas l'habitude de suivre un tel entraînement alors il faut y aller progressivement. «J'ai préparé un petit programme simple. D'abord 15 minutes pour lever les altères, 10 minutes de pause, 15 minutes sur le punching ball, un autre 10 minutes de pose et finalement, un 15 minutes sur la machine de poids pour les jambes.. tu crois t'en sortir?» Après un petit rire, je vais chercher deux rondelles de poids que je pose de chaque côté d'un lourde barre de métal posée sur un socle jusqu au dessus d'un banc sur lequel il devra s'allonger. Par mesure de sécurité, je me place de l'autre côté afin de placer mes mains sous la barre pour m'assurer qu'il ne l'échappe pas et qu'il risque de s'étrangler. Tout en marchant vers l'endroit désigné, je soulève les disques un après l'autre en repliant mes bras pour m'entraîner un peu en même temps. On pouvait voir mes muscles se contracter, j'aime voir les efforts que je faisais. N'allez pas croire que je suis le genre de mec à avoir tout dans les muscles et rien dans la tête, bien au contraire, l'entraînement et la musculation m'apportent simplement un bien être inexplicable, une espèce de sérénité.

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«Je ne veux pas ta peau, arrête de pleurnicher, tu vas voir ça se fait très bien» C'est moi où Donovan me regarde bizarrement? C'est probablement le fruit de mon imagination. Il ne peut pas me regarder de cette manière. De la même façon qu'il pourrait regarder les fesses bombées d'une fille sexy qui passerait près de lui dans la rue. Disons que lui et moi n'avons pas vraiment le même intérêt sur le corps humain. Même si je ne suis pas du genre à courir les mecs, bien au contraire, je ne suis pas aveugle non plus et en cet instant, je dois avouer que Don' est particulièrement agréable à regarder. Un mec qui dépense de l'énergie, qui force, c'est intéressant. De là où je me trouvais pendant qu'il soulevait la barre de fer, la vue était... Non, il faut que j'efface ça de ma tête.

J'éclate de rire en le voyant faire. «Tu sais que ça prendrait plusieurs séances avant qu'une différence puisse se voir.. mais si tu es pas trop mort à la fin de celle-ci.. on pourrait recommencer au moins une fois par semaine.. ça serait sympa..» Pendant son 10 minutes de pause, j'en profite pour ajouter quelques disques de poids de chaque côté de la barre de fer et m'installe sur le banc allongé sur le dos. La seconde suivante, je me retrouve à soulever cette barre au bout de mes bras avant de la ramener vers mon torse. C'est tellement libérateur. Inconsciemment, je lui jette de petits coups d'oeil. J'ai vraiment l'impression qu'il aime me regarder. Encore une hallucination de mon esprit probablement. Pendant que je force, je ne suis pas capable de me retenir de lui poser quelques questions. Il faut bien que je me renseigne moi aussi «Et toi? Tu parles beaucoup mais je ne t'ai pas vu fixe avec une nana.. aucune n'est assez bien pour le grand Donovan?» Un petit rire m'échappe ce qui me fait perdre de ma force l'espace d'une seconde en rabaissant la barre. Rapidement, je reprend le contrôle et la soulève à nouveau.

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Quand je m'entraîne, quand je soulève des poids, il est rare que je puisse me laisser déconcentrer. Dans le domaine, je suis du genre assez professionnel. Je prends ça vraiment au sérieux et j'ai rarement l'opportunité de prendre la séance à la légère du fait d'être en compagnie d'un pote. Et généralement, j'arrive aussi à bien contrôler mes gestes pour ne pas blesser, mais ça, c'était avant qu'il me balance un truc pareil. LUI ? J'ai bien entendu ? Mes bras perdent de leur force en l'espace d'une seconde et la barre me tombe lourdement sur le torse ce qui me coupe le souffle d'un coup. En poussant un petit grognement pour me donner de la force, j'arrive à soulever un des côté de la barre pour la faire basculer sur le côté. Elle fait un bruit lourd en tombant au sol.

Je me redresse en prenant de grandes respirations et pose le regard sur lui perplexe «Tu veux me tuer? Me dis pas un truc pareil quand je tiens 100 kilos à bout de bras!» Mon coeur battait à tout rompre. Dans un soupire, je glisse mes deux mains sur mon visage et dans mes cheveux. Après quelques secondes, je me rends compte que ma réaction avait été un peu exagérée et qu'il avait du regretter de m'avouer ça. Un peu mal à l'aise je pose à nouveau le regard sur lui en tentant un petit sourire rassurant «Rassure toi.. je dis pas ça dans le sens où ça me dérange.. c'est juste que.. je ne m'y attendais pas..» Évidemment, que je ça ne me dérangeait pas. Je serais bien mal placé pour critiquer. Même qu'en fait, ça me fait un petit quelque chose. Je me sens moins seul. Par contre, moi je ne suis pas encore prêt à en parler comme lui semblait tellement en confiance. «Eh bah.. c'est cool.. je suis content pour toi vieux.. je te souhaite que ça fonctionne entre vous..» Maintenant? Changer au plus vite de sujet. Oui. J'ai du mal à cacher mes émotions et je n'ai pas envie de devoir justifier pourquoi ça m'a mis dans un tel état. D'un bond, je suis sur mes pieds et me dirige vers un coin de la salle où se trouve un énorme sac de sable attaché à une chaîne au plafond. De petits gants se trouvaient au sol. «Bon allez Rocky, montre moi ce que tu sais faire..» En attendant qu'il arrive, je commence à sautiller en alternant les pieds et tout en frappant le sac. Gauche, droite, gauche, gauche, droite. Ne penser à rien d'autre. Gauche, droite.

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Depuis maintenant six ans que l'entraînement, la musculation, le sport et tout ce qui pouvait rendre mon corps à la limite de ses capacités, me servent à contrôler mes émotions. Ça me sert à ne pas perdre la tête. Ça pouvait aussi se voir à la manière dont je pouvais frapper encore et encore contre le sac de sable. Je n'ai aucune violence en moi, mais c'est une chance que ce sac ne soit pas vivant, parce qu'il souffrirait plus qu'à son tour.  Les 15 minutes passent rapidement, trop rapidement. Je voyais bien que Donovan était à bout de souffle. Personnellement, j'aurais pu frapper encore pendant longtemps. J'avais besoin de me défouler. Au début, j'avais pris cet entraînement pour une partie de plaisir de la faire avec un ami. C'était avant de savoir que la conversation tournerait autour de ça. Il s'est ouvert si librement à moi sur son orientation. Pourquoi j'étais incapable d'en faire autant?

Plus qu'une activité de 15 minutes et la séance serait terminée. Mes yeux se posent sur lui, je souris. J'ai du mal à l'imaginer gay. Il fait tellement fureur avec les filles et il en profite du mieux qu'il peut. Par contre, je peux facilement imaginer qu'un mec puisse s'intéresser à lui. C'est un mec vraiment génial et vraiment mignon par dessus le marché. Il pose sa main sur moi, mon coeur saute un battement. Mon regard alterne rapidement entre sa main et son regard. Je dois rester calme. Pourtant, de puissants frissons me parcourent le corps. Ce n'est pas déplaisant. «Non non.. ça va.. j'ai déjà eu pire..» Sa main contre mon torse, il devait sans doute sentir mon coeur battre à une vitesse anormalement rapide. Sans comprendre pourquoi, j'étais incapable de reculer. Il m'avait figé sur place «Il ne reste plus qu'un exercice.. après ton calvaire va être terminé» Un petit rire nerveux s'échappe de ma bouche pendant que je glisse tout aussi nerveusement une main dans mes cheveux.

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«La suite c'est.. heum.. il faut aller.. plus bas... non, enfin je veux dire c'est pour.. les jambes.. pour raffermir les cuisses.. » Mais quel con! Bravo! Vraiment! Là j'ai l'air d'un idiot. Je dégluti. Pourquoi je me sens comme ça? Parce que j'ai l'impression que Donovan me drague. Pourtant c'est complètement absurde comme pensée. On se connait depuis longtemps et je l'aurais su plus tôt s'il avait été question de ça entre nous. Enfin, de sa part parce que de mon côté je ne fais et ferai jamais de rentre dedans. Jamais je n'oserais. De toute façon j'en ai pas envie. Je n'ai jamais compris ceux qui couchent sans avoir de sentiments. C'est peut-être moi qui reste trop accroché au passé.

Sa main descendait contre mon ventre et les frissons se multipliaient. Je ne me souvenais pas que ce genre de contact était si agréable. À force j'ai appris à vivre sans. Et si je.. ? Non.. je ne peux pas. J'ai du mal à soutenir son regard qui est, je dois l'avouer, assez intense. Je suis probablement rouge de gêne à l'heure qu'il est. Qu'est-ce qu'on fait déjà ici? Ah oui, de l'entraînement. D'un pas maladroit je me recule de façon à me détacher de sa main. Même si au fond, j'aimais ça. Non, je n'aimais pas ça, c'est pas possible. Il m'a pris par surprise, c'est tout. «On y va? Ton supplice est bientôt fini» Je rigole doucement, toujours un peu nerveux. Je parlais de son supplice ou bien du mien? Je ne suis pas sûr. Quoi qu'il en soit, c'est le moment rêvé pour m'éclipser vers la machine. C'est simple. Il n'a qu'à s'assoir sur le banc, poser ses jambes sous le levier et lever les jambes pour soulever le levier qui lui soulève des poids. Penché derrière la machine, j'ajuste le poids désiré et me redresse pour venir près de lui. Je suis un entraîneur après tout, je dois faire mon boulot. Oui, c'est une bonne idée. Oublier que c'est Donovan qui est avec moi et me conduire comme avec n'importe quel client. Une main posé sur son genou, l'autre sur le levier, je me concentre sur les tractions qu'il doit faire «C'est bien.. oui.. encore une fois. Respire bien entre chaque.. non.. ne force pas trop. Oui voilà.. suis le mouvement.. garde un rythme régulier..»

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Déjà fini? Je n'ai jamais vu 15 minutes passer aussi rapidement. D'avoir mon attitude de coach m'aidait à ne pas trop penser à Donovan. Je gardais en tête que c'était un client comme un autre. Malgré ça, des petits flashs me montaient à l'esprit. Je repensais aux frissons que j'avais eu quand il m'avait touché.. à l'impression de complicité en apprenant qu'il aimait aussi les hommes. Ça fait longtemps qu'on se connait et ça m'énervait de me sentir tout d'un coup aussi déstabilisé.

J'étais en train de prendre une gorgée d'eau quand j'entends les mots ''Tu me plais beaucoup'' Ma première réaction fut de recracher tout le contenu de ma bouche. Évidemment, il fallait que je sois face à Donovan et qu'il reçoive toute l'eau. Oh le con. Une petite moue désolée au visage, je m'approche pour lui tendre une serviette en me mordillant nerveusement la lèvre. Tout ça était tellement irréaliste. Je sais que je ne suis pas amoureux de lui. Du moins, je pense. Pourtant, si je ne ressentais rien, je ne serais pas aussi perturbé par son avoeu. Allez, je dois me calmer. Il ne m'a pas demander en mariage, il m'a juste dis que je lui plaisais. Venant d'un mec comme lui, on sait très bien ce que ça veut dire. «Tu n'as pas à t'excuser.. c'est moi qui suis.. enfin.. coincé? Non pas coincé.. disons juste que.. je suis pas le genre de mec à m'amuser avec quelqu'un sans rien d'autre..»

Avec une autre serviette, je m'éponge doucement le visage après avoir pris une nouvelle gorgée d'eau. Ce n'est qu'après que je réalise que je n'avais prétendu ne pas être gay. Cette constatation me fige. Je lève le regard sur lui en espérant qu'il n'ait pas relevé. J'ai passé toute ma vie à cacher cette partie de moi au monde entier, mis à part Matt et là en l'espace d'une heure, je me dévoilais sans faire gaffe et en plus j'avais du mal à ne pas réagir aux avances de mon ami. Je regarde un peu autour de moi mal à l'aise. Logiquement, je saluerais mon client, lui disant qu'il a fait un super boulot et j'irais aux vestiaires pour me doucher. Pourtant, là, mes pieds refusent de bouger. Je suis planté là devant lui à attendre je ne sais pas trop quoi.

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Donovan? Qui a envie de plus qu'un coup de d'un soir? AVEC MOI? Mais où est-ce qu'on est là? J'ai l'impression d'être tombé dans le trou du lapin blanc en entrant dans le gym et que je me retrouve dans le pays des merveilles où tout est sans dessus dessous. Mes mains tremblaient dans les siennes et honnêtement je ne savais même pas pourquoi. Une partie de moi appréciait de savoir qu'il m'aimait bien, mais d'un autre côté, je ne suis pas prêt à ça. Je crois d'ailleurs que je ne le serai jamais.

Mon regard se pose sur nos mains avant de lentement monter jusqu'à son regard. Je dégluti difficilement tellement ma gorge était sèche. «Je.. je..» Je ne sais pas quoi dire. Je ne peux pas lui dire que j'aime les femmes, ce serait mentir. Je ne peux pas lui dire qu'il ne m'intéresse pas, ce serait mentir aussi. Si je pouvais réellement lui dire la vérité, je lui dirais simplement que j'ai aimé, une fois dans ma vie, tellement fort, mais que depuis, mon coeur est en morceau et que je n'ai jamais été capable de le réparer. Une partie du moi ne veut pas non plus le réparer. Comment pourrais-je me donner le droit au bonheur quand Matthéo est mort? Sans que je ne puisse la retenir, une petite larme coule le long de ma joue. Les mains toujours aussi tremblantes, je les retire doucement des siennes. «Donovan.. je..» Pourquoi je n'aurais pas le droit? C'est plus fort que moi. De toute façon, pourquoi est-ce qu'il s'intéresserait à moi? Je n'ai rien de spécial. Rien de plus que les dizaines d'autres qu'ils pourraient facilement avoir. Je n'en vaux pas la peine.

C'était la première fois qu'une situation pareille m'arrive en 6 ans et je me rends compte que je ne suis vraiment pas doué. Généralement, j'évite le plus possible les rencontres pour ne pas avoir à m'enfuir, mais là, ça vient de me tomber dessus sans que je ne puisse le prévoir. Et le pire dans tout ça, c'est que je n'ai pas envie de le lâcher. Que ferait-il avec quelqu'un qui ne croit pas être capable d'aimer à nouveau? «Don'.. je sais pas comment réagir.. je ne crois pas être la personne qu'il te faut..» Lui, il avait de l'expérience. Il savait comment s'y prendre. De mon côté, j'avais l'impression d'être un gamin qui n'a même pas idée de comment ce genre de chose fonctionne. Il serait sans doute mieux avec quelqu'un qui serait capable d'être à sa hauteur, pas un minable comme moi..

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Comment il doit tellement me prendre pour un con. J'ai un mec super devant moi qui tente de me dire qu'il s'intéresse à moi et comme un imbécile je me mets à trembler comme une feuille et comme si c'était pas assez, je pleure. Mais quelle virilité!! Il doit tellement me trouver minable. N'importe qui à ma place sauterait de joie. Non, moi il faut que je me mette dans tous mes états. Donovan est un mec fort, qui ne se laisse pas affaiblir par ses émotions. Qu'aurait-il à faire d'un gamin comme moi? Je m'en veux tellement d'agir de la sorte. Pourquoi je ne pourrais pas être comme tout le monde? Profiter de la vie, m'amuser, garder les mauvais souvenirs derrières pour aller de l'avant, aimer à nouveau..

Un faible sourire prend place sur mes lèvres. Celui qu'il lui faut? Il semble si sûr de lui. Je comprends pas. Il pourrait tellement trouver mieux. Trouver un vrai mec. Pas un faible comme moi qui chiale. Je ne sais pas ce qui m'a prit. Ça fait tellement longtemps qu'un truc du genre ne m'était pas arrivé que je me suis senti un peu perdu. Le souvenir de Matthéo me faisait toujours cet effet. Au fond, que voudrait-il pour moi? Probablement pas que je reste triste pour toujours. Pourtant, c'est l'impression que j'ai quand je pense à mon futur. Je n'y vois aucune porte de sortie. Du moins, je n'en voyais aucune avant cet instant.

Cet instant où il pose ses lèvres contre les miennes. Je ferme les yeux. Mon premier baiser depuis. Mon coeur s'affole à nouveau. Qu'est-ce que ça voulait dire? Serait-il possible que Donovan soit le bon? Qu'il soit celui qui me fasse revoir le monde d'un oeil différent? Est-ce que j'ai le droit? Je n'ai pas envie de me poser toutes ces questions et encore moins d'y répondre en ce moment«Ne dis pas ça.. ne le regrette pas.. s'il te plait..»

Sans comprendre pourquoi je le faisais, je glisse maladroitement, mes mains tremblantes contre son cou et vient chercher ses lèvres pour un deuxième baiser. Un baiser que je prolonge encore et encore avant de me reculer complètement à bout de souffle en le regardant droit dans les yeux, le coeur battant. «Tu dois tellement me trouver nul.. je suis désolé.. Don'.. je ne me suis pas donné le droit de vivre quoi que ce soit avec qui que ce soit depuis que.. depuis 6 ans. C'est nouveau pour moi..» Ça faisait trop de déclaration en un seul coup, je ne me sentais pas prêt à lui parler de Matthéo. Et probablement que je ne lui en parlerais jamais non plus. C'est mon jardin secret. Le nôtre à Matt et moi. Et même si je suis conscient que je ne peux pas laisser ces souvenirs dicter indéfiniement ma vie, je préfère les garder intacts.

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Normal qu'il me pose des questions avec l'attitude que j'avais, même si j'aurais préféré qu'il n'en pose pas. D'un autre côté, n'importe qui d'autre serait en train de sauter de joie de vivre ce genre de moment. D'avoir quelqu'un de fantastique devant soi qui se confient sur ses sentiments. Parce que oui, Donovan était un mec fantastique à mes yeux. Un garçon sympathique, incroyablement drôle, avec un sourire à faire tomber. Je suis conscient que n'importe qui voudrait se retrouver à ma place.

Un soupire de soulagement quitte mes lèvres quand il dit de laisser tomber. J'en profite parce que je n'ai réellement pas envie de parler de ça, de me rappeler à quel point j'ai pu avoir mal. Comment je pourrais avouer que depuis je n'ai jamais eu envie de revivre l'amour? Que même si j'en avais eu envie, je ne m'étais jamais donné le droit de franchir le pas à nouveau? Jusqu'à maintenant, je fuyais les rapprochements comme la peste. Pourtant, je me sens déchiré. Brisé entre le fait que je ne peux pas nier que chaque fois qu'il m'embrasse, ça me soulage, ça m'apaise, ça me fait du bien. Et entre le fait que je m'en veux de me sentir bien. Comme si je n'avais pas le droit. Comme si je le trahissais.

Soudain, il s'éloigne brusquement. Un peu perdu, je regard autour et rougit comme jamais en voyant un de mes collègue qui vient pour nous demander de libérer la place. Je hoche la tête en me glissant une main dans les cheveux. J'ai l'impression de m'être fait prendre la main dans le sac et il ne faut pas. Personne ne doit savoir. Ne doit savoir quoi au juste? Je ne sais même pas encore ce qui se passe réellement. «J'ai l'habitude de me doucher avant de partir, je n'aime pas tellement sortir d'ici sans me sentir propre.. Je.. si tu veux.. on peut se faire une bouffe chez moi après.. je meurs de faim».

Honnêtement, ça me stress un peu de me retrouver seul avec lui, mais au fond j'en ai envie. Et puis, cette douche me fera sûrement le plus grand bien. Ça me permettra de réfléchir, de me calmer un peu. Je n'ai jamais vraiment été du genre à agir sur un coup de tête, mais là maintenant, avec Don', j'avais l'impression que j'allais faire bien des choses dont je n'avais pas l'habitude.

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Si quelqu'un m'avait dit que cette journée se déroulerait comme ça quand je me suis levé ce matin, je ne l'aurais jamais cru. Je me fige. Quand j'ai parlé de la douche, j'ai pas fais gaffe au fait qu'il voudrait sans doute en prendre une. En temps normal, ça n'aurait rien changé, mais là, après ce qui venait de se passer, je devais être un peu plus vigilant. Je n'ai rien contre le sexe, je ne suis juste pas prêt et ça risque de coincer avec Donovan qui a l'habitude de coucher de tous les côtés. «D'accord, c'est parfait, on se rejoint à ta voiture»

Peu après lui, je me rend aussi au vestiaire, mais va dans la cabine de douche la plus éloignée. Ce n'est pas parce que j'ai peur de lui ou bien que je n'ai pas confiance, mais j'ai besoin de me sentir seul, j'ai besoin de réfléchir. Qu'est-ce qui arrive au juste? Est-ce que je veux tout ça? Est-ce que je suis prêt pour ça? Est-ce que Donovan accepterait de garder tout ça secret? L'eau chaude sur mon corps me fait tellement de bien. Je ferme les yeux et tout ce que je vois c'est le visage de Donovan qui s'approche du mien pour m'embrasser et ça me fait sourire. Qui n'aime pas se sentir apprécié? Je suis seul depuis si longtemps. Au fond, il n'y a pas de mal. J'ai le droit moi aussi de sourire, non? Je ne sais pas combien de temps s'écoule, mais il est temps que je sorte de là. C'est décidé. Don' est un type bien, alors pourquoi pas? Il m'aidera sûrement à tourner la page, à voir la vie différemment. Je ne veux pas oublier Matthéo et même si je le voulais je n'en serais jamais capable. Je veux seulement réussir à sourire réellement quand je me lève le matin, ne serait-ce qu'une fois. J'en ai besoin.

Une fois habillé, ma casquette sur le tête et mon sac de sport sur l'épaule, je sors du gym pour aller le rejoindre. Évidemment, il est déjà là, souriant. Ça me conforte dans ma décision. J'approche sans pour autant aller trop prêt. Je ne veux pas avoir à le repousser alors je préfère ne pas lui donner l'occasion de tenter de m'embrasser. Ce n'est pas que je n'en ai pas envie, mais je préfère garder ça secret «On y va? Je te laisse choisir ce qu'on mange». J'arbore un large sourire, moins timide qu'avant la douche. Est-ce que ça signifie que je suis son petit-ami? Je sais pas et je n'ose pas le demander. On verra bien. Si c'est le cas, je pense que ça me plairait bien. Rapidement, je grimpe dans sa voiture après avoir posé mon sac de sport sur la banquette arrière.

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