Et tu t'élances, et je te tiens. Je te retiens du bout des doigts, pour te ramener contre moi

- C’est une fille !
- Oh mon Dieu ! Mon amour… C’est une…

Le flou total. Un cri, un sourire. De beaux yeux qui fixent une nouvelle vie. Voilà, j’étais née à Los Angeles, de deux parents très heureux d’avoir un second enfant. Oui, un enfant normal. Parce que mon grand frère lui, était atteint d’une trisomie 21 qui les avaient empêchés de vivre cette grossesse normalement. Alors que moi… Moi j’étais normal. Un peu trop peut-être. Enfin bon, je n’ai jamais manqué de rien, j’ai juste été relégué au second plan parce que voilà, Bryan avait besoin de toute l’attention pour grandir à peu près normalement. Alors oui, je me suis effacée, je me suis juste contentée de leur faire plaisir, de leur obéir, de garder Petit Homme quand ils n’étaient pas là. Et quand j’étais petite, il était très maladroit avec moi. Mais moi je m’en foutais, parce que j’aime ma famille et peu m’importe leur condition. Alors j’ai bien travaillé à l’école, en primaire au collège. J’ai grandis petit à petit. Toujours les mêmes remarques : très polie, très gentille, une vraie boule de vie, de joie. Parce que oui, avec l’éducation que j’ai reçue, j’ai toujours été comme ça. Et c’est tant mieux. Alors oui, j’ai vécu une jolie vie. Et un jour, j’ai dû partir de chez papa et maman, pour mon indépendance. Mais pas trop loin de Petit Homme. Parce que je suis très proche de lui maintenant. Parce qu’il a développé en moi une bienveillance à l’égard des gens… Enorme. Donc je me suis installée dans une maison, mais j’étais toujours fourrée dans mes livres. Cela me passionnait, et me prenait tout mon temps. Je n’avais le temps pour rien d’autre, hormis pour aller voir mes parents. Et encore, c’était de plus en plus écarté. Surtout quand j’ai commencé à fréquenter Greyson. Lui, c’est mon voisin de rue. Juste à côté de chez moi. Quand j’ai croisé son regard, j’ai lâché un sourire, comme d’habitude. J’ai dit bonjour et il m’a invité à boire un verre. J’ai d’abord refusé. Plein de fois. Prétextant des cours à réviser, des thèses à rendre, un job un peu trop prenant. Parce que oui, je bossais : bénévolement, mais je travaillais dans une association. Et ça me plaisait énormément. Alors après maintes et maintes reprises, j’ai finis par accepter. Puis un café, une après-midi ensemble, une soirée : et vas-y qu’on mange l’un chez l’autre, qu’on se fait rire mutuellement. Et il est vite devenu mon oxygène. Indispensable. Mais il ne peut pas m’aimer, personne ne peut m’aimer : je ne peux pas être quelqu’un de spécial pour lui, alors non, on ne sortait pas vraiment ensemble, on n’était pas exclusif. Il faisait sa vie la journée, et on se retrouvait le soir. Je l’aimais vraiment, j’étais accroc. Pourquoi je parle au passé si c’est toujours le cas ? Je ne sais pas. Mais, je n’aurais jamais dû être curieuse à son égard. Parce que… Parce que je le regrette aujourd’hui. J’ai tellement mal de tous ces mensonges… Ces clés de voitures, ces trucs pas clairs, c’est normal ça ? Et après tu dis m’apprécier, tu dis que je suis ta boule d’énergie ? Je t’en supplie, tes mensonges me donnes envie de vomir. Aujourd’hui, je suis tellement déçue de toi, tu m’as tellement fait mal… Et pourtant, je sais que, comme d’habitude, je vais revenir vers toi. Je vais sourire de nouveau, faire comme si de rien était. Parce que je ne sais pas moi, mais Greyson, je crois que je suis amoureuse de toi.