Il était une fin

Donovan&Zachary.

Je ne sais même pas combien de temps s'est écoulé depuis mon enlèvement. J'en ai rien à faire. Je trouve toujours des raisons pour repousser les moments à passer en compagnie de qui que ce soit. Je sais que Donovan est triste, qu'il voudrait me soutenir, mais il ne peut rien faire et je n'ai surtout pas envie de sentir la pitié des gens ou encore de me faire poser des questions. La dernière personne qui est venu ici c'est Thomas. À vrai dire, je ne sais pas encore ce que je pense de cette rencontre. Je sais seulement que j'avais été soulagé de me retrouver seule lorsqu'il est parti.

J'étais en train de comater sur le canapé quand j'entends frapper à la porte. Sans doute le propriétaire qui venait une fois de plus réclamer son loyer. J'ai l'argent pour le payer, c'est pas un soucis, mais je n'ai pas envie de sortir pour aller chercher l'argent à la banque et je n'ai pas non plus envie de le faire renter pour lui signer un chèque. Je suis totalement conscient que mon appartement ressemble à un champs de bataille et je sais très bien qu'il va commencer à me faire la morale.

Non, ce n'est pas le proprio, c'est Donovan. Je dois admettre qu'il ne lâche pas prise. Il est compréhensif, plus que je ne l'aurais espéré. Par contre, il est tenace et je sais pertinemment qu'il va rester là jusqu'à ce que je lui ouvre. Tout en baillant, je me lève lâchement du canapé pour aller lui ouvrir. Esquissant un demi sourire, je me recule pour le laisser entrer «Salut Don'». Je retourne au canapé en trainant les pieds et me laisse lourdement tomber dessus. Une bière sur la table basse. Je ne sais pas ça fait combien de temps elle est là, mais j'en prends tout de même une gorgée. Je me sens mal de lui faire vivre tout ça, mais c'est plus fort que moi. «Ne fais pas gaffe au ménage, j'ai pas eu le temps de m'en occuper». C'était un peu du foutage de gueule parce que je ne l'avais pas fait depuis des semaines, mais ni l'envie, ni la motivation était présente pour que je m'attèle à la tâche.

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Il était une fin

Donovan&Zachary.

Il fallait bien se douter que ce moment viendrait un jour ou l'autre. Il y a quelques mois, ma séquestration n'aurait pas alarmer qui que ce soit. Je vivais seul, sans voir trop d'amis. Avec Donovan dans ma vie, les choses ont changées. Je ne peux plus faire n'importe quoi parce que je peux être sûr qu'il va se pointer pour me botter les fesses. Dans un sens, c'est gentil de sa part. Ça prouve qu'il tient à moi. Pourtant, en ce moment, j'aurais tellement préféré qu'il n'y ait personne pour se soucier de moi. Je n'ai même pas le temps de m'objecter qu'il m'avertit que je n'ai pas le choix. Je ne sais pas du tout ce qu'il a en tête, mais il ne peut pas s'attendre à ce qu'on sorte je ne sais où et rigoler. C'est trop tôt. Je fais encore des cauchemars toutes les nuits. Ce n'est pas pour rien que j'ai l'air d'un zombie. Je n'arrive pas à dormir, à récupérer.

Dans un profond soupire démontrant bien mon agacement, je me lève et prends le t-shirt pour aller l'enfiler dans la salle de bain. En retirant celui que j'avais sur le dos, une sale odeur me monte à la tête. Je ne me souviens même pas de la dernière fois que j'ai pris une douche. Avec cette odeur, je risque de passer pour une clodo et je n'ai pas non plus envie de lui faire honte. Quoi que ça pourrait lui enlever l'envie de sortir à nouveau avec moi. Je soupire à nouveau et passe ma tête dans l'embrasure de la porte «Je vais me doucher».

Avec des gestes lents et démotivés, je grimpe sous la douche. Je ferme les yeux. Impossible de nier que l'eau chaude qui coule sur mon corps me fait un bien fou. Je lave mes cheveux.. mon corps.. et reste là, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'eau chaude. Durant ce moment, j'arrive à ne plus penser à rien du tout. C'est tellement bon. Quand l'eau froide m'indique que je devrais sortir, une moue déçue s'affiche sur mon visage. Reprenant mon air démotivé et lent, je passe une serviette autour ma taille et me dirige vers ma chambre, le regard baissé «Je le fais pour toi Donovan.. mais ne t'attends pas à une méga sortie.. juste aller chercher ma bière au coin de la rue est déjà beaucoup comme sortie pour moi depuis un moment». Je lui fais un petit sourire désolé avant de fermer la porte de ma chambre pour aller m'habiller.

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Il était une fin

Donovan&Zachary.

J'ai changé. Je ne suis plus le même et je pense que je ne le serai plus jamais. Une partie de moi est resté assis sur cette chaise, dans ce sous-col crasseux. Elle continue de se faire torturer, elle continue de souffrir. Peu importe ce que je fais ou où je regarde, je le vois lui. Cet homme qui ne faisait supposément que son travail. J'ai changé et Donovan est encore là. Au fond, je ne comprends même pas pourquoi. Il mériterait quelqu'un de tellement mieux que moi, du moins, quelqu'un qui n'est pas brisé comme je le suis. Il n'a sans doute aucune idée de tout ce dont il m'apporte et que moi en échange, je ne peux pas lui offrir. Je ne suis qu'un homme brisé.

J'entends ces paroles de l'autre côté de la porte et un faible sourire se dessine sur mes lèvres. Aller mieux ? Mission impossible. S'aérer l'esprit ? Ça ne ferait sans doute pas de tord. Avec l'odeur de pourriture qui plane dans l'appartement, je suis surpris de ne pas encore être tombé dans les pommes. Je m'habille sans motivation. Un vieux jeans ainsi qu'une veste à capuchon sans manche par dessus un veux t-shirt. Quand je sors finalement de la chambre, je me rends bien vite compte du ménage qu'il a fait. Les larmes me montent aux yeux. Pourquoi était-il si gentil avec moi ? «Merci Donovan.. ». Je ne peux pas rien dire de plus sinon je sens que je vais pleurer. Je lui souris. Mon premier sourire franc depuis des semaines et m'approche de lui pour déposer un petit baiser sur ses lèvres. Un baiser furtif, mais significatif. Incapable de plus d'affection, je recule en me passant une main sur le visage et en soupirant. Je vais chercher mon porte-monnaie et mes clés que je range dans les poches arrières de mon jeans et prend le chemin de la sortie. Je n'ai pas envie, mais je dois le faire pour lui. Une fois dehors, je plisse les yeux. Le soleil frappe fort et je dois dire que je ne l'avais pas vu depuis un moment. Ça me prend quelques minutes avant de m'habituer à cette clarté. «Je te suis»

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